Sylvain Missonnier

Un hommage de Sylvain Missonnier.

Bien cher Michel,

Tu étais avec Serge Lebovici et René Diatkine un des trois courageux mousquetaires de la naissante psychiatrie infantile française. J’étais encore en culottes courtes que tu m’es apparu avec cette aura à travers la lecture d’un livre fondateur de la psychopathologie psychanalytique à la française : « le LSD[1] » !. Mais très vite, ton orientation élective pour les commencements chez l’humain m’a poussé à assister à tes enseignements à l’Institut de Puériculture où tu étais le pionnier de la pédopsychiatrie de liaison autour des prématurés et de leurs parents.

Encore maître distant à l’époque, tu es devenu un interlocuteur chaleureux et profond dans le groupe Inter-maternité de St Vincent de Paul animé par Sylvie Séguret et Didier David[2]. Sa Majesté le bébé brazeltonien ne nous suffisait plus : le fœtus, son placenta et ses parents enceints nous réunissaient dans des rencontres interdisciplinaires où « somaticiens » et « psychanalystes » inventaient ensemble le gai-savoir de la clinique médico-psycho-sociale périnatale. Tu étais notre bienveillant chef d’escadrille.

Le grand chantier de l’exploration du paradigme échographique en compagnie de Marie-José Soubieux et Luc Gourand me permit dans la foulée de devenir un de tes collaborateurs passionnés[3] [4]. Le doux rythme des journées scientifiques annuelles avec Bernard Golse, Marcel Rufo et toute ta bande[5], les voyages universitaires en Italie chez Graziella Fava-Viziello transformèrent cette estime en amitié. Et, quand tu m’a transmis ta collection « La vie de l’enfant[6] » (Éres), j’ai eu le sentiment délicieux de m’inscrire fièrement  dans la filiation de ton œuvre.

Mais au moment de t’écrire ces quelques lignes, ce qui me manque déjà tant, à l’égal de mon chagrin, c’est ton humour renversant. Tu as partagé ce trésor avec nous jusqu’au bout et ce sont les souvenirs impérissables de ces rires partagés que je garderai comme un précieux talisman. Face au tragique de la maladie, de la mort et de la séparation, le meilleur antidote est le tien. Si je ris, tu es là…

Sylvain Missonnier

[1] Lebovici S., Diatkine R., Soulé M., (1985), Traité de psychiatrie de l'enfant et de l'adolescent, Paris, PUF.

[2] Séguret S., (2003), Le bébé du diagnostic prénatal, 1001 bb n°58.

[4] Soulé, M., Gourand, L., Missonnier, S., Soubieux, M.J. (2011). L’échographie de la grossesse. Promesses et vertiges. Toulouse : Érès.