Psychothérapie institutionnelle

La parole est à Xavier Moya-Plana, psychologue et psychanalyste, directeur de l’Hôpital de Jour pour enfants et adolescents ÉPI (Établissement Psychothérapeutique Infantile).

L’équipe de Psyché et Politique poursuit, plus en avant, l’état des lieux de la psychothérapie institutionnelle qu’elle s’était fixée comme premier grand thème à aborder.

L’Hôpital de Jour pour enfants et adolescents Épi accueille des enfants de 5 à 16 ans, atteints de troubles autistiques, psychoses infantiles, dysharmonies d’évolution (ces deux dernières correspondent aux Troubles Envahissants du Développement non spécifiés dans les classifications internationales), de phobies scolaires graves... Il est ouvert du lundi au vendredi, 210 jours par an. La prise en charge est faite par une équipe pluridisciplinaire (éducateurs, psychomotriciens, instituteurs, psychologues, pédopsychiatres…). Le projet de soins est individualisé pour chaque enfant lors de réunions institutionnelles hebdomadaires.
Xavier Moya-Plana fait partie de ceux qui font vivre l’institution au quotidien. Nous avons donc voulu poursuivre avec lui  notre réflexion à propos des liens entre la psyché et la Cité, et plus précisément, grâce à cette rencontre, entre les soins psychiques et la Cité.
La psychothérapie institutionnelles est un outil précieux, complexe, mais parfois décrié parce que méconnu ; présenté comme une prise en charge partielle ou trop éloignée de la compréhension pluridisciplinaire de certains troubles. C’est pour remettre en cause ces représentations par trop répandues que nous avons demandé à Xavier Moya-Plana de nous parler de ce qu’est pour lui la psychothérapie institutionnelle. Notre but n’est pas de proclamer son action univoque. La psychothérapie institutionnelle n’est pas imbue d’un savoir clairvoyant et unique, elle n’est pas une prise en charge autarcique. Nous avons voulu  montrer comment elle peut contribuer à considérer l’enfant ou l’adolescent atteint d’un trouble spécifique comme un être humain à part entière, qui a un fonctionnement pluriel, parfois hétérogène, qui a des capacités et des potentialités qui coexistent avec ses difficultés. Cette vision élargie nous amène vers un questionnement permanent, une remise en question des moyens mis en œuvre pour l’aider, une réflexion soignante dynamique et pas du tout figée.

La psychiatrie polyvalente et la pédopsychiatrie vivent une période agitée, bouleversée et bouleversante du fait de confrontations majeures, internes et externes. Il semblerait que le clivage soit en train de prendre le dessus sur les capacités d’échange et de confrontation lucides et pétillantes. Après la publication en mars 2012 du rapport de l’HAS et l’ANESM sur les bonnes pratiques en matière « [d’] interventions éducatives et thérapeutiques coordonnées chez les enfants et adolescents souffrant d’autisme et autres troubles envahissants du développement », qui a relégué la psychothérapie institutionnelle au rang des « interventions non consensuelles », nous voulions réagir à cette attaque et donner la parole à un acteur de cette approche du soin psychique institutionnel. Les experts ont jugé que : « l’absence de données sur l’efficacité et la divergence sur les avis exprimés ne permettent pas de conclure à la pertinence [de cette intervention-là] ».