« Lien » est un mot qui, heureusement, relie celles et ceux qui travaillent au plus proche de l’humain, quel que soit son âge. Comme le rappelle le nom que des collègues ont donné à une collection de livres, les liens « libèrent », ils désaliènent en nous replongeant dans le bain du langage, de l’échange et du contact. Et il est vrai que nous subissons les effets du démaillage que certaines tendances de la vie contemporaine exacerbent, tant dans les structures sociales et économiques, que dans nos vies et dans leur richesse culturelle et psychique. Face à ce démaillage, il y a des présences, des accueils, des gestes et des engagements qui honorent les personnes qui tentent d’en faire preuve au quotidien, même dans des conditions de travail les plus humbles, précaires ou mises sous pression par des logiques autres que de soin, ou tout simplement de souci d’autrui.
Mais les liens ne sont pas un « supplément de sociabilité », comme on parlerait ailleurs d’un supplément d’âme. Une telle chaleur, affective autant que sociale, ne vient pas se surajouter sur ce qui ferait la singularité d’un individu et lui suffirait à vivre. Plus archaïquement, là où se décide le climat d’une vie, sans liens qui l’accueillent nul bébé n’adviendra à sa pleine existence. Tout ce qui se construit de son aptitude à échanger avec le monde, avec autrui, naît dans un environnement « qui est corps et groupe » comme dit René Kaës. Autant dire donc que les liens avec le monde sont autant des liens de corps que d’esprit, de sens que d’intellect, de présence que de mémoire et que de projection dans l’avenir.
En un sens, c’est tout cela qui court au travers des pages que nous portons à votre attention aujourd’hui, pages nouvelles, ou déjà connues et qui peu à peu migrent vers leur nouvelle domiciliation.