À propos du test NP-Mot

Le point de vue de Suzanne Masson, neuropsychiatre.

Suzanne Masson, médecin neuropsychiatre, ex-chef du laboratoire d’encéphalographie à la Salpêtrière, ex-directeur de la formation de psychomotricité DE, Pitié-Salpêtrière, Faculté de médecine, Paris nous éclaire sur le test NP-MOT de Laurence Vaivre-Douret.

Inaugurant son cursus universitaire par la préparation du diplôme d’État de psychomotricien au CHU Pitié-Salpêtrière, Laurence Vaivre-Douret fut l’une de nos meilleures élèves. Diplômée, elle fut rapidement chargée d’enseignement. Simultanément elle poursuivit de brillantes études qui l’amenèrent à devenir professeur des universités en psychologie du développement à l’université Paris X-Nanterre, neuropsychologue clinicienne et psychomotricienne AP-HP à l’hôpital Cochin Port-Royal et chercheur à l’INSERM, unité 669, hôpital Necker-Enfants Malades.

Au cours de son activité professionnelle elle s’est intéressée, entre autres, au diagnostic et à l’évaluation des troubles présentés au cours du développement. Des années d’un travail considérable lui ont permis l’élaboration du NP-MOT. Cette batterie de tests s’adresse aux enfants de 4 ans à 8 ans et demi. À cette période peuvent se révéler des difficultés qui, à juste titre, inquiètent les parents et les amènent à consulter. Il peut s’agir de : maladresse, paratonie, instabilité, hyperactivité, inhibition ; latéralité mal affirmée, dyspraxie, troubles du schéma corporel, de l’adaptation spatiale et temporelle, troubles du langage et de l’écriture, dyslexie, dysorthographie, troubles de l’attention et de la mémoire, troubles du caractère ou de l’humeur, déficits neurologiques discrets, etc.

L’origine réelle de ces difficultés doit être recherchée : c’est ce que propose Laurence Vaivre-Douret grâce au test NP-MOT.

Elle fait la synthèse « à partir de son expérience clinique et des données de la littérature ». Elle a sans doute été influencée par l’enseignement de l’examen psychomoteur proposé aux étudiants psychomotriciens.

Pour Laurence Vaivre-Douret : « La visée neurofonctionnelle de l’évaluation proposée liée à la compréhension de l’organisation cérébrale en cours permet de comprendre l’origine et la nature des anomalies observées. » Un tel dépistage permet de mettre en oeuvre un traitement précoce et adapté et d’en suivre les effets. Il permet de déceler des anomalies d’origine organique et des troubles fonctionnels mineurs qui peuvent passer inaperçus aux tests globaux souvent ciblés sur les fonctions cognitives. Le choix des neuf fonctions d’intégration neuropsychomotrice – tonus ; motricité globale dynamique et statique ; latéralité gestuelle, usuelle, psychosociale ; praxies manuelles ; gnosies tactiles ; habilité oculo-manuelle ; orientation spatiale sur soi et sur autrui par rapport aux objets et sur un plan ; rythme : tempo spontané, tempo auditivo-kinestésique, auditivo-perceptivo-moteur ; attention auditive – en font un examen complet.

Cet outil est précieux pour les psychomotriciens, mais aussi pour de nombreux autres praticiens : kinésithérapeutes, psychologues, orthophonistes, pédiatres, neuropédiatres et pédopsychiatres, etc. Ces derniers peuvent éventuellement pratiquer euxmêmes le test ou utiliser les résultats d’un autre praticien ou professionnel consignés dans les carnets et résumés dans les profils.

Dans l’ensemble, les épreuves, identiques pour tous les âges, sont relativement faciles à exécuter et à juger. Chacune d’entre elles a été testée par deux examinateurs, l’un NP-MOT contrôlant les résultats de l’autre. Pour réaliser ce travail de nombreux praticiens furent sollicités dont, entre autres, beaucoup d’étudiants en 3e année de psychomotricité ou de praticiens psychomotriciens.

L’étalonnage de chaque item représente un travail gigantesque réalisé en plusieurs années grâce à un grand nombre d’enfants – 446 – scolarisés dans des écoles publiques ou privées de Paris et de sa région, enfants n’ayant pas redoublé, ni sauté de classe et de mensurations courantes. Il est tenu compte de l’âge, de la scolarisation et du sexe. Cette cotation permet au futur examinateur de se rapporter à une référence précise et à mettre en évidence des écarts même minimes qui peuvent être significatifs. Ainsi suit-on la maturation cérébrale pas à pas, les éventuelles anomalies qui peuvent survenir dans l’organisation des différentes fonctions qui se mettent en place progressivement, les déficits organiques qui auraient pu passer inaperçus, l’origine éventuellement psychologique des troubles.

Le souci de mettre en évidence une possible organicité ne cesse de préoccuper Laurence Vaivre-Douret, d’où l’importance attachée à l’examen physique qui précède les autres épreuves. Il est essentiel de ne pas négliger une anomalie morphologique, de ne pas oublier l’examen de la vue et de l’ouïe. Il est conseillé de pratiquer le test au calme, dans une pièce isolée en rassurant l’enfant tout en tenant compte de la surcharge émotionnelle. Il est bon de passer les épreuves dans l’ordre proposé. La durée de la passation des épreuves se situe entre vingt minutes et une heure trente. L’auteur pense qu’on peut scinder l’examen bien qu’il soit préférable de le faire en entier même si l’on doit le programmer en plusieurs séances. Au cas où le test ne serait pas réalisable dans sa totalité, il faudrait au moins examiner les fonctions fondamentales Tonus, Motricité, à ne jamais négliger.

Cet immense travail fourni par Laurence Vaivre-Douret ne peut que susciter l’admiration par son sérieux et sa précision.

Suzanne Masson

ANAE n°90, décembre 2006-février 2007, volume 18, tome 5
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